Balado Perspectives, épisode 29: Comprendre les risques d’inondation


Intervenants : Jennifer Beaudry et Matt Rocha

Notes : Jennifer Beaudry, responsable des communications, accueille Matt Rocha, au changement climatique pour l’Amérique du Nord, pour discuter de la catastrophe naturelle la plus répandue au pays : les inondations.


Jennifer Beaudry
Bienvenue au balado Perspectives de Zurich Canada, qui nous permet de rester en contact avec nos partenaires et nos employés. Nous offrons à nos auditeurs et auditrices des informations pertinentes sur le marché ainsi qu’un leadership éclairé. Je m’appelle Jenn Beaudry. Je suis responsable des communications chez Zurich Canada, et votre animatrice. Aujourd’hui, Matt Rocha, responsable des services de résilience au changement climatique pour l’Amérique du Nord, se joint à moi pour une conversation réfléchie sur la catastrophe naturelle la plus courante au pays : les inondations. Nous examinerons le risque réel que posent les phénomènes météorologiques et les inondations au Canada, les différents types d’inondations, les erreurs courantes commises par les entreprises, ce que signifie renforcer la résilience et ce que les entreprises peuvent faire pour aider à réduire les risques d’inondation. Il s’agit d’une conversation à ne pas manquer. Matt, bienvenue, et merci de vous joindre à nous aujourd’hui. 

Matt Rocha
Merci, Jenn. Je suis très heureux d’être ici aujourd’hui. Merci pour l’invitation. 

Jennifer Beaudry
Matt, nous savons que les inondations sont de plus en plus fréquentes et de plus en plus graves. Pouvez-vous nous parler un peu du paysage actuel des risques ?

Matt Rocha
Les inondations sont les catastrophes naturelles les plus fréquentes et les plus coûteuses au Canada pour ce qui est des dégâts matériels. L’année dernière, elles ont causé environ 1,5 milliard de dollars de dégâts matériels dans tout le pays. Et les dommages assurés causés par les inondations en Colombie-Britannique en 2021 ont largement dépassé les 500 millions de dollars. Chaque jour, nous sommes inondés par une quantité écrasante d’informations. Il est difficile d’apprécier la dévastation que ces événements peuvent causer. Je tiens à souligner qu’une fois que ces événements ont disparu des médias nationaux et sociaux, il est difficile de comprendre l’ampleur de la dévastation qu’ils ont laissée. Certaines des villes et des régions qui ont été touchées par ces événements en ressentent encore les effets aujourd’hui. 

Jennifer Beaudry
Vous avez mentionné les inondations en Colombie-Britannique. Nous avons déjà vu des inondations commencer à se produire en Colombie-Britannique cette année et dans d’autres parties du pays. Alors que nous approchons de la saison des inondations, que sont les principaux facteurs de risque ?

Matt Rocha
Différents facteurs entrent en jeu. L’un des plus importants est notre économie et nos grands centres urbains. Nous nous sommes établis le long des rivières, le moyen de transport qui faisait rouler l’économie à l’origine du Canada. Au fur et à mesure que ces grandes villes, Toronto, Montréal, Vancouver se sont développés, nous sommes restés là où nous étions. Les villes se sont ensuite développées vers l’extérieur. Les risques d’inondation, qui ont toujours existé, sont donc présents aujourd’hui. Nous avons mis en place des mécanismes de contrôle public pour tenter d’atténuer certains de ces dommages, mais les risques d’inondation existent toujours. Il est impossible de parler d’inondations sans parler du changement climatique. Nous avons déjà parlé des inondations en Colombie-Britannique — elles sont de plus en plus graves et fréquentes et font presque partie du quotidien. Nous constatons les effets des incendies de forêt en cours. Et dans le nord de l’Alberta, même cette semaine. Il y a deux jours, il y avait de la fumée jaune dans la région de Calgary. Nous vivons dans un monde où le climat change. Ainsi, comme nous pouvons l’observer, il y a tellement de facteurs liés au changement climatique, et comment ces facteurs ont fortement influencé le niveau de risque d’inondation à travers le pays. C’est un sujet très important. 

Jennifer Beaudry
La saison des incendies a commencé tôt dans le nord de l’Alberta. Pouvez-vous nous parler un peu de l’impact des incendies et des feux de forêt en particulier sur le risque d’inondation ?

Matt Rocha
Excellente question, Jennifer. Il est très important de savoir que, longtemps après l’extinction des feux de forêt, leurs effets se sont sentir pendant des années. Essentiellement, la végétation et les sols ont perdu leur capacité d’absorber les pluies torrentielles. Il en résulte un risque accru d’inondations soudaines à la suite de ces événements. Si vous vous trouvez dans des régions qui ont été touchées par des incendies de forêt, votre risque d’inondation a potentiellement augmenté après l’extinction de l’incendie. 

Jennifer Beaudry
Toutes les inondations ne sont pas identiques. Quels sont les différents types d’inondations et comment se produisent-ils ? Vous avez déjà absorbé le sujet. 

Matt Rocha
Nous en avons évoqué quelques-uns. Je vais décrire les quatre principaux types d’inondations auxquels nous avons été exposés au Canada : les inondations fluviales, lorsque le niveau de l’eau dépasse les berges des rivières, ce qui entraîne des inondations dans les régions avoisinantes. Ces inondations peuvent être provoquées par de grandes quantités de pluie en amont des bassins versants ou par la fonte des neiges dans la région. J’habite dans l’ouest du Canada, il y a beaucoup de neige dans les montages et la fonte des neiges augmente le risque d’inondation à Calgary. C’est l’une des raisons des inondations à Calgary en 2013 qui ont causé des dommages d’environ 2 milliards de dollars, ce qui en fait la troisième catastrophe naturelle la plus coûteuse au Canada, et la première en matière d’inondations. Et parce que nous habitons au Canada, nous avons des hivers froids. Il se peut, pendant la débâcle du printemps, que la glace se brise et crée un barrage dans la rivière, ce qui peut entraîner des inondations en amont ou en aval du barrage. Lorsque l’obstruction ou le barrage cède, l’eau connaît une montée soudaine, ce qui peut aussi entraîner des inondations en aval. Ce qu’il faut retenir ici, c’est que la glace est imprévisible. Elle a certaines caractéristiques, mais elle est généralement imprévisible. Les cartes d’inondation n’en tiennent généralement pas compte, tout comme les inondations urbaines et les crues soudaines. C’est ce qui se produit lors des précipitations extrêmes. Ce sont les pluies diluviennes qui font déborder les systèmes de gestion des eaux pluviales, soit l’infrastructure publique conçue à l’origine pour transporter l’eau vers un endroit qui fera en sorte que votre propriété ne sera pas inondée. Ce qu’il faut retenir ici, c’est que l’infrastructure publique en place a généralement été conçue pour résister à des événements moins sévères, et des événements moins fréquents. Certaines infrastructures critiques ont été conçues en fonction d’événements qui se produisent tous les 10 ans, c’est-dire un événement dont la probabilité d’occurrence annuelle est de 10 %. En cas de précipitations extrêmes, comme les rivières atmosphériques dont nous avons déjà parlé et qui ont touché la Colombie-Britannique, ces tempêtes sont qualifiées de tempêtes de 100 ans. Cela signifie que la probabilité qu’elles se produisent n’est pas de 10 %, mais de 1 % par an. Alors, qu’est-ce que cela signifie ? Cela ne signifie pas que cette tempête de 100 ans se produira une fois tous les cent ans, mais que vous avez 1 % de probabilités chaque année d’être touché par l’un de ces événements. Un exemple de cela est l’inondation du centre-ville de Toronto en 2013, qui a causé des dommages d’environ 1 milliard de dollars. Enfin, nous terminons avec les inondations côtières, les inondations dues aux marées et les ondes de tempêtes. Vous savez, il y a beaucoup de régions côtières au Canada. Nos amis de la région du Grand Vancouver vous diront qu’ils observent des marées hautes et basses deux fois par jour, tous les jours. Et lorsque la lune est au plus près de la terre, ils peuvent être affectés par les marées dites royales. Il s’agit donc de marées extrêmes où l’on peut observer une augmentation du niveau de la mer dans ces régions côtières. Les régions côtières peuvent également être touchées par des ondes de tempête, comme celle que nous avons connues sur la côte Est l’année dernière lors de l’ouragan Fiona, et sont directement influencées par les pressions atmosphériques et les vents violents qui accompagnent ces phénomènes. Nos villes et nos régions côtières sont donc menacées par ce type d’événements. 

Jennifer Beaudry
Passons maintenant à ce que vous faites tous les jours pour ZRS, soit renforcer la résilience des entreprises. Quelles sont les erreurs les plus courantes commises par les entreprises au moment d’évaluer les risques d’inondation ?

Matt Rocha
Oui, je pense que l’une des plus grosses erreurs est de sous-estimer le risque d’inondation en se basant uniquement sur la compréhension du niveau de risques. Lorsque vous indiquez votre adresse ou votre emplacement sur une carte de risques et que celle-ci indique un niveau de risque faible, cela signifie que votre risque d’inondation est faible. Comme nous l’avons déjà dit, ces cartes de risques peuvent ne pas inclure toutes les sources. Elles peuvent inclure uniquement les inondations fluviales, mais exclure les inondations urbaines et les champs de glace. Ces éléments sont très difficiles à modéliser et à représenter. Ainsi, il ne suffit pas de placer une épingle sur une carte. Cela n’équivaut pas à une évaluation des inondations. Nous devons tenir compte de toutes les sources potentielles de dommages. Vous devez tenir compte de vos contrôles locaux, de ce que vous faites physiquement et opérationnellement pour réduire vos risques. Nous devons également comprendre où se situent vos vulnérabilités. Par exemple, l’équipement essentiel à vos opérations se trouve-t-il dans un sous-sol qui pourrait être exposé aux inondations ? Il pourrait s’agir d’une zone à faible risque fluvial, mais avec un risque d’inondation élevé en cas de pluies extrêmes, ce qui entraînerait une inondation dans votre sous-sol. Il faut tenir compte de tous ces facteurs et comprendre que les cartes d’inondation ne procurent qu’une partie de l’information. Ainsi, ce n’est pas parce que vous vous trouvez à l’extérieur de cette limite bleue sur une carte d’inondation, ou qu’elle se trouve juste à côté de votre propriété, que les eaux de crue s’arrêtent là. Il ne s’agit pas de cartes d’inondation, mais plutôt de cartes de risques. La ligne bleue ne représente donc pas l’endroit où l’eau s’arrêtera, elle sert simplement d’indication. Vous pouvez ainsi prévoir les mécanismes de protection opérationnelle et physique dont vous pourriez avoir besoin pour être résilient. 

Jennifer Beaudry
Nous avons parlé de la planification et de la préparation. Avez-vous quelque chose à ajouter sur la façon dont les entreprises peuvent se préparer ?

Matt Rocha
Cela fait suite à mon dernier commentaire, la première chose à faire est l’identification, n’est-ce pas ? Nous devons donc identifier où se trouvent ces sites et à quelle distance ils se trouvent des cartes d’inondation, comme nous l’avons mentionné, mais aussi de toute autre source de dommages causés par les inondations. D’accord. Existe-t-il un risque de champ de glace ? Y a-t-il un risque d’inondation atmosphérique fluviale et urbaine dans cette région ? Une fois que nous avons identifié les risques, nous pouvons prendre les mesures nécessaires pour les atténuer. Et quand votre propriété est construite dans ces zones qui pourraient être touchées, il ne s’agit pas de déplacer votre bâtiment hors d’une zone inondable. Vous savez, ce n’est pas à quoi nous nous attendons. Nous nous attendons simplement à ce que si vous êtes vulnérables, vous appreniez à gérer ces vulnérabilités. Ainsi, comme je l’ai déjà mentionné, si vous avez des opérations, des équipements critiques dans un sous-sol, y a-t-il une possibilité de déplacer ces équipements au-dessus du niveau du sous-sol ? Cela permettrait d’éliminer un risque d’inondation. Je vais utiliser l’exemple d’un client que j’ai visité dans la région de Calgary, il y a quelques années, avant la saison des inondations, pendant leur étape de préparation, ils ont déployé deux kilomètres de barrières temporaires contre les inondations. Chaque printemps, cet exercice prend des semaines, ils ont une équipe de personnes qui sortent et déploient cette protection mobile contre les inondations. Ils la déploient en mai, c’est vrai. Donc, avant la saison des inondations de juin à Calgary, ils laissent les barrières en place jusqu’à la mi-juillet, puis les enlèvent après la saison des inondations. Cette opération, comme je l’ai dit, prend des semaines. Il faut donc s’y préparer. Et aussi, en conclusion, ils doivent avoir une réponse appropriée. Et donc un plan d’intervention en cas d’inondation, qu’allez-vous faire pour vous préparer ? Qu’allez-vous faire pour vous préparer pendant un événement ? Et ensuite, comment allez-vous vous rétablir ? Comme je l’ai déjà mentionné, certaines de ces inondations, des inondations régionales, peuvent avoir des conséquences durables, n’est-ce pas ? Il faut parfois des jours, voire des semaines, pour que les eaux de crue se retirent. Comment allez-vous réagir sur votre site ? Enfin, s’il y a eu une inondation régionale qui a eu des répercussions non seulement sur votre site, mais aussi sur l’ensemble de la communauté, comment la communauté va-t-elle réagir ? Et comment votre main-d’œuvre va-t-elle réagir et être en mesure de revenir pour vous aider à être résilient dans vos propres opérations ?

Jennifer Beaudry
Merci d’avoir pris le temps de partager ces informations précieuses avec nous, Matt, nous l’apprécions vraiment. 

Matt Rocha
Merci de m’avoir invité, Jenn. J’ai déjà hâte à notre prochaine discussion. 

Jennifer Beaudry
Merci de vous être joints à nous aujourd’hui. Pour en savoir plus sur la façon de se préparer à réagir et à se remettre d’une inondation, consultez notre centre de ressources sur les inondations sur notre site web.